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Les médias marocains, traditionnels ou numériques, ne donnent ni visibilité ni soutien aux revendications féministes au Maroc.
Telle est l’opinion de la journaliste marocaine et activiste des droits des femmes, Fedwa Misk, qui a tenu à l’IEMed une conférence sur les rapports entre les médias et les mouvements féministes au Maroc le 27/02/2019. La journaliste a expliqué qu’au Maroc, les femmes viennent d’une longue lutte historique en défense de leurs droits, une lutte qui remonte au milieu du siècle dernier. Pendant des dizaines d’années, elles ont combattu pour obtenir quelques avancées malgré leur absence des médias marocains et les heurts avec une société traditionnelle qui n’était absolument pas préparée à entendre un discours féministe radical.
Le mouvement du 20 février 2011, né dans l’effervescence du printemps arabe, a supposé une nouvelle prise de conscience pour les Marocaines, qui sont alors descendues dans la rue pour revendiquer une démocratie accompagnée de plus de droits et de justice pour les femmes. Malheureusement – déplore F. Misk – il s’est avéré très rapidement que, pour la majorité des hommes, le combat féministe n’était pas une priorité. L’année suivante, le PJD, un parti islamiste loin d’être en phase avec les thèses des mouvements féministes, est arrivé au pouvoir. Dans ce contexte, et compte tenu du fait que les féministes étaient dépourvues de médias susceptibles d’offrir un espace de débats propice à leurs revendications et au statut de la femme, F. Misk a créé un journal numérique appelé Qandisha qui est paru jusqu’en 2016.
F. Misk s’est montrée pessimiste sur la capacité actuelle des médias marocains à transmettre à l’opinion publique les grands débats concernant le statut et l’autonomisation des femmes. Les raisons en sont la crise économique et la crise du modèle journalistique actuel, d’une part, et le sexisme régnant dans les rédactions, d’autre part. Elle croit, cependant, qu’il existe une nouvelle prise de conscience de la part des jeunes générations de femmes sur la nécessité de poursuivre la lutte non seulement pour avancer en matière d’égalité, mais aussi pour ne pas perdre les droits déjà acquis.
La conférence a été prononcée dans le cadre du cycle Aula Mediterrània 2018-2019, et a été présentée par Xavier Giró, professeur en Journalisme Politique à l’Université Autonome de Barcelone (UAB), directeur de l’Observatoire de la couverture des conflits et codirecteur du Master en communication des conflits armés, paix et mouvements sociaux, avec qui l’IEMed a coorganisé cet évènement.
Cette plateforme s'inscrit dans l'Axe 1 « Renforcer les capacités des acteurs de l'égalité » du Fonds de Solidarité Prioritaire « Femmes d'avenir en Méditerranée » financé par le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères et porté par l'Institut européen de la Méditerranée, dans le cadre du projet « Développer l'autonomie des femmes » labellisé par l'Union pour la Méditerranée.
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