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Depuis le 27 mars 2020 en Tunisie, le portrait de Tawhida Ben Cheikh orne le nouveau billet de banque de 10 dinars, émis en pleine crise de coronavirus.
Connue pour avoir été la première femme musulmane du Maghreb à exercer la profession de médecin, Tawhida Ben Cheikh a été également la première femme Tunisienne à avoir obtenu un baccalauréat en 1928.
“À travers le choix de Tawhida BEN CHEIKH” qui a requis presque deux années pour se concretiser, souligne Marouane El Abassi, gouverneur de la Banque centrale de Tunisie : "il s’agit d’un double hommage : d’abord, à la femme tunisienne, mais aussi à tous les acteurs du secteur de la santé qui sont, aujourd’hui, en première ligne du front de la guerre contre le virus du COVID-19".
Née en 1909 et décédée en 2010, Tawhida Ben Cheikh a changé l’histoire tunisienne du vingtième siècle grâce à son travail dans le domaine de la santé des femmes et sa spécialisation en gynécologie.
Elle a eu une longue carrière de médecin, pédiatre et gynécologue. Dans les années 1930, après ses études à Paris, elle est rentrée en Tunisie et a ouvert son cabinet près de la médina de la capitale. Ne pouvant pas exercer à l’hôpital public, qui à l’époque était le pré carré des médecins français, elle exerçait la profession dans les quartiers populaires de la ville : « On la surnommait "le médecin des pauvres". A l’époque, les femmes venaient souvent la voir pour accoucher. C’est ainsi qu’elle est devenue obstétricienne puis gynécologue », raconte sa fille, archéologue de 72 ans, au Monde.
Parmi les nombreux engagements féministe et les luttes pour les droits civiques, elle s’est battue pour l’accès aux soins des plus défavorisés et pour le droit à l’avortement légalisé en Tunisie en 1973 (En France, l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) est autorisée depuis la loi Veil de 1975).
Tawhida Ben Cheikh a ouvert la voie à toute une nouvelle génération de femmes engagées et désireuses de faire carrière dans la santé: aujourd’hui, près de la moitié des médecins en Tunisie sont des femmes.
Parmi ses reconnaissances figurent un centre de santé à son nom à Montreuil, commune de la banlieue Parisienne (2011) et un timbre édité par la Poste tunisienne (2012). Son portrait sur le nouveau billet de banque présente un trait révolutionnaire encore plus visible.
Image : Le nouveau billet de 10 dinars à l’effigie de la médecin Tawhida Ben Cheikh. FETHI BELAID / AFP
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