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Anaouat impulse un dialogue politique sur le mariage des filles mineures au Maroc

29.03.2019 / Créé par (EMWF)
Anaouat impulse un dialogue politique sur le mariage des filles mineures au Maroc

Le mariage des filles mineures a été au cœur du dialogue politique que l’Association Anaouat pour la femme et l’enfant a organisé le 19 mars 2019 à Marrakech, au Maroc.

Plus de 40 personnalités, dont le procureur de Marrakech, des représentant-e-s de plusieurs organisations de la société civile et des partis tels que le Parti de la justice et du développement - PJD, l’Union socialiste des forces populaires - USFP et le Parti de l’istiqlal - PI, des médecins et des journalistes ont participé à ce débat. Les parties prenantes ont élaboré un plan d’action national pour lutter contre l’augmentation des mariages d’enfants, qui représentaient jusqu’à 16% de tous les mariages enregistrés au Maroc, selon le Rapport sur le développement humain en Afrique 2016 et touchent davantage les filles que les garçons selon l’UNICEF (Child Marriage in the Middle East and North Africa, 2017).

Malgré les réformes introduites par le Moudawana (Code de la famille), en particulier par les articles 20 et 21 en 2004, qui fixent l’âge légal du mariage à 18 ans, certains juges autorisent toujours les mariages d’enfants en utilisant certaines lacunes juridiques qui leur donnent le pouvoir discrétionnaire d’épouser des filles mineures, sous le prétexte de préserver l’honneur des filles et de leurs familles (en cas de viol, de perte de virginité ou en invoquant la culture, des normes sociales et des traditions qui perpétuent le soutien de la communauté à cette pratique).

Suite au dialogue, les participant-e-s ont été unanimes sur la nécessité d’abroger l’article 20 du Code de la famille pour garantir l’intérêt supérieur des enfants, sur la base d’une charte signée par tous les participant-e-s,  et diffusée auprès de toutes les parties prenantes du territoire et au-delà, comme première étape d’un plaidoyer national contre le mariage des enfants.

Outre la suppression de l’article 20 du Code de la famille, les participant-e-s ont proposé plusieurs recommandations importantes, notamment:

  • Superviser les juges pour s’assurer qu’ils ne donnent pas l’autorisation à un mariage d’un-e mineur-e, en particulier, en l’absence d’expertise sociale ou d’enquête médicale justifiant le caractère «urgent» de ce type de mariage.
  • Fournir une éducation sexuelle aux enfants et aux adolescent-e-s à partir de 7 ans.
  • Mettre en place des centres pour préparer les enfants et les adolescent-e-s au mariage et à toutes ses implications pour la famille et l’éducation, etc.
  • Pénaliser tous les acteurs impliqués dans la facilitation du mariage des filles mineures.
  • Sensibiliser les médecins et les organisations de la société civile et renforcer leurs capacités de lutte contre le mariage des filles mineures.
  • Engager les chefs religieux dans la lutte contre le mariage de filles mineures.
  • Poursuivre le lobbying pour l’application des accords internationaux signés par le Maroc.
  • Créer une commission des droits de l’enfant pour sensibiliser les médias sur les conséquences des mariages forcés d’enfants, en particulier des filles mineures.

Il est à noter que ce dialogue est la dernière étape d’une campagne menée par l’Association Anaouat dans les trois municipalités rurales de Sidi Mhammed Dalil, Sid Lemokhtar et Mzouda dans la province de Chichaoua, visant à réduire le nombre de mariages mineures.

Ces activités ont été mises en œuvre dans le cadre du projet CSO WINS «Renforcer les capacités dans le sud de la Méditerranée pour ouvrir le dialogue et le suivi des politiques pour les femmes dans la société » financé par l’Union européenne et coordonné par l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed) en synergie avec l’action de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée (FFEM).

Plus d’informations sur cette campagne sont disponibles dans le lien ci-dessous

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