Malgré les dispositions juridiques et constitutionnelles jordaniennes favorables à l’accès des femmes à la fonction publique et à la prise de décision, la présence des femmes aux postes politiques, de hautes responsabilités et de direction reste bien en deçà des aspirations, en particulier dans les zones qui possèdent un taux de pauvreté et de chômage élevés. À titre d’exemple, lors des élections parlementaires de 2016, les femmes n’ont obtenu que 20 sièges sur 130. Malgré tout, c’est le taux de participation politique des femmes le plus élevé de l’histoire de la Jordanie.

Dans ce contexte, l’association caritative des femmes (Association charity for women) Al Anwar a élaboré un diagnostic sur le degré d’acceptation de la société des femmes en tant que leaders dans le gouvernorat de Ma’an, et ce en évaluant l’opinion de 419 personnalités locales, notamment des président-e-s d’organisations de la société civile, des décideurs, des militant-e-s, des étudiant-e-s, des journalistes, des employé-e-s du secteur public, des enseignant-e-s et des avocats. Une enquête et cinq discussions de groupe ont été organisées à cette fin au cours du deuxième semestre de 2018.

Les conclusions du diagnostic montrent que la faible présence des femmes aux postes de direction est principalement due aux coutumes sociales et aux structures de domination patriarcale qui limitent le pouvoir des femmes et produisent des stéréotypes de genre sous-estimant les rôles et les capacités des femmes. Ces stéréotypes, coutumes et traditions affectent également la confiance en elles des femmes et les intimident. Cependant, d’autres facteurs tels que la méconnaissance des femmes de leurs droits sociaux et politiques et le manque d’efforts sérieux pour inclure les femmes dans les structures de gouvernance locale et les partis politiques ont également été identifiés comme facteurs entravant le leadership des femmes dans les sphères publique et politique.

Pour élaborer le diagnostic, l’association caritative des femmes Al Anwar a impliqué des acteurs clés dans le domaine de la prise de décision et de l’égalité femmes-hommes, tels que le gouverneur de Ma’an, la municipalité d’Al-Jafar, plusieurs associations de femmes, en particulier l’Association des Femmes de la Badia du Sud et l’Association des Nachmiyat (chevaleresques) de la Badia, outre des organisations de médias telles que l’Agence d’information jordanienne et le journal Al Dustour, et enfin l’Université de Ma’an.

Cette initiative fait partie des diagnostics de terrain développés par les pôles locaux d’acteurs de l’égalité femmes-hommes© établis par la FFEM depuis 2015.

Elle fait aussi partie du projet "Renforcer les capacités des acteurs de l’égalité", financé par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et coordonné par l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed). Cette action fait également partie du projet "Développer l’autonomisation des femmes", labellisé par l’Union pour la Méditerranée (UPM).