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La FFEM contribue au débat féministe collectif à l'université Paris-Nanterre

04.09.2018 / Créé par (EMWF)
La FFEM contribue au débat féministe collectif à l'université Paris-Nanterre

Grâce à la présence de 20 chercheures et responsables d’associations engagées pour l’égalité, notre Fondation a contribué à la réflexion sur les rapports de patriarcat et les enjeux féministes contemporains, sujets au cœur de la problématique du 8ème Congrès international des recherches féministes dans la francophonie (CIRFF). Pour ce faire, la FFEM a organisé plusieurs temps forts les 27 et 28 août : un colloque de réflexion et un séminaire en partenariat avec RUSEMEG dont un résumé est proposé ci-après.

  • Le colloque « Allons sur le terrain : stratégies innovantes pour peser sur l’agenda politique et social en Méditerranée ».

La session 1 « Une approche méthodologique pour transformer nos savoirs en actions, focus sur la région euro-méditerranéenne » a été modérée par Serena Romano. Fouzia Assouli, Maria-Àngels Roque et Soukaina Bouraoui ont pris la parole au sujet du travail militant qui contribue à l’émergence de valeurs humaines et au progrès de l’égalité, notamment dans les lois. Pour convaincre les responsables politiques d’agir, la société civile doit s’appuyer sur des données et des statistiques, d’où l’importance d’associer les chercheur-e-s au combat pour que le pouvoir des hommes et des femmes s’équilibre.

Grâce aux diagnostics de terrain menés dans le cadre des pôles locaux, les associations de femmes du sud de la Méditerranée peuvent plaider auprès des États pour une plus forte redevabilité vis-à-vis de leurs engagements et des normes internationales. Les réseaux sociaux, les médias et les campagnes menées par des consortiums d’associations de plusieurs pays sont autant d’outils pour accélérer le changement.

Au sujet de l’héritage qui favorise les hommes au détriment des femmes dans la plupart des systèmes juridiques des pays du sud de la Méditerranée, les intervenantes ont défendu que les droits dans la vie privée sont essentiels pour l’égalité dans la vie publique.

La session 2 « Les femmes au pouvoir au sud de la Méditerranée : quels progrès et enjeux? » a été modérée par Emilie Vidal. Joelle Abou Farhat, Rahma Houzig et Wafa Elloumi ont présenté les stratégies de leurs associations pour favoriser l’ascension des femmes et leur accès aux instances de gouvernance dans les partis politiques et les syndicats.

Au Liban, depuis 70 ans, il n’y a eu que 11 femmes au parlement et actuellement, sur 30 ministres il n’y a qu’une femme. Cependant, grâce aux efforts de la société civile le nombre de femmes candidates aux élections municipales de 2018 a considérablement augmenté (113 femmes sur 976). Les associations jouent un rôle clé pour former les femmes et les encourager à prendre la place qui leur revient dans la vie publique grâce à des débats et des campagnes de sensibilisation dans les médias.

En Tunisie, la parité horizontale et verticale adoptée pour les élections municipales de 2018 a été le résultat d’un long lobby de la société civile tunisienne. Malgré ces avancées encourageantes, un défi majeur subsiste : faire pression pour l’application des lois et le changement des mentalités.

La session 3 « L’autonomisation des femmes en Méditerranée : enjeu toujours d’actualité » a été modérée par Esther Fouchier. Selly Rais, Fairouz Habache et Mohammed Kadiri ont exposé leurs combats pour libérer les femmes sur le plan économique car une femme est mieux considérée si elle a un pouvoir économique. Alors que les femmes représentent plus de 60% des effectifs universitaires (selon le ministère de l’éducation algérien) il reste encore beaucoup à faire pour leur inclusion dans le marché libre. Habache a évoqué le parcours des femmes artisanes et chefs d’entreprises qui créent leur activité afin de cesser de dépendre de leurs maris ou pères.

Au Maroc, les mesures pour enrayer la crise d’accès des femmes aux postes de décision demeurent insuffisantes en l’absence d’un accompagnement adéquat en termes de renforcement des capacités et des compétences. Ainsi, il est primordial de préparer les femmes élues dans les collectivités territoriales pour être en mesure de gérer les affaires locales de façon efficace et aller à l’encontre de la faible pratique démocratique dans les partis politiques.

La session 4 « Savoir pour agir : les violences contre les femmes dans l’espace public et rural au sud de la Méditerranée » a été modérée par Fouzia Assouli. Elle a été centrée sur le besoin de considérer le corps comme une partie intégrante de l’être et non comme un objet qui en est séparé. Mariam Abdo a exhorté le public à lutter contre l’indifférence et l’ironie au sujet de la prostitution qui est une exploitation et à donner aux femmes les moyens de se défendre. Si la prostitution est un travail, quelle formation, quels débouchés ?

Chérifa Kheddar a exposé le cas d’une femme voilée qui s’est faite agressée alors qu’elle courait pendant le ramadan à Alger. Pour protester contre le harcèlement dans les lieux publics un footing citoyen a alors été organisé. Le 2ème cas exposé est celui d’une jeune frustrée de ne pouvoir se baigner en maillot sans être constamment harcelée. Elle a donc lancé un groupe sur Facebook pour alerter ces concitoyennes et proposer une baignade républicaine. Ces mouvements ont été très suivis (par des femmes ainsi que par des hommes), mais ils ont aussi engendré des menaces sur Internet, y compris des appels au meurtre. Les réseaux sociaux sont devenus un espace virtuel de violence contre les femmes. Des outils pour une meilleure protection des femmes et une meilleure prise en charge des victimes sont en cours d’élaboration par un collectif d’associations.

Enfin, au Maroc, malgré les lois, les chiffres concernant le mariage des mineures sont en augmentation. Zohra Sadik a indiqué que le mouvement féministe plaide pour la révision du code de la famille qui autorise encore le mariage avant l’âge de 18 ans, et pour que les principes d’égalité inscrits dans les lois soient appliqués dans les politiques territoriales (exemple de la région de Marrakech-Safi).

  • Toujours dans le cadre du CIRFF2018, le Réseau universitaire et scientifique euro-méditerranéen sur le genre et les femmes (RUSEMEG), membre fondateur de la FFFM, a organisé le colloque « Mots et maux des femmes en Euro-méditerranée: récit, corps, violence, argent » en présence de plusieurs chercheures et professeures éminentes. RUSEMEG a également organisé un atelier scientifique où neuf doctorant-e-s de différentes disciplines ont présenté leurs projets de recherche sur un éventail de sujets tels que: l’impact socioculturel de la gendérisation des politiques publiques au Maroc; l’image du moi et de l’autre en Tunisie ; l’argent dans les familles urbaines en Algérie et la redéfinition des rôles ; violence des femmes et leur rôle au sein des organisations criminelles en Italie ; système de parenté et problématique du mariage arabe en Algérie ; genre, inégalité er nouvelles spatialités : La mobilité comme facteur d’inclusion urbaine à Alger ; « la » Morphinée? Représentation et stigmatisation des premières toxicomanes contemporaines  

Toutes ces activités s’inscrivent dans le projet « Renforcer les capacités des acteurs de l’égalité » financé par le ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et coordonné par l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed) en partenariat avec le Centre des femmes arabes pour la formation et la recherche (CAWTAR), la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF), le Forum femmes Méditerranée (FFM), l’État français et le RUSEMEG. Elles s’inscrivent aussi dans le cadre du projet « Développer l’autonomie des femmes », labellisé par l’Union pour la Méditerranée (UpM).

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