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Les 14 et 15 mai 2018, la faculté de droit et des sciences politiques et administratives de l’Université libanaise à Beyrouth a accueilli le séminaire du Réseau Universitaire et Scientifique Euro – méditerranéen sur les Femmes et le Genre (RUESMEG) intitulé «Expériences de femmes dans les villes en conflits».
Organisé en collaboration avec l’association libanaise des femmes chercheuses (Bahithat), le séminaire avait pour objectif de comparer et de confronter des recherches et des expériences des femmes victimes et actrices des conflits. Ceci afin de présenter la situation identitaire de femmes aux multiples nationalités, en périodes de confits, à travers certaines formes d’expression culturelle qui donnent du sens à leur vécu.
Le séminaire a débuté avec Véronique Nahoum-Grappe, anthropologue, historienne et chercheuse à l’Ecole des hautes études en sciences sociales en France, sur le polytraumatisme qu’elle a perçu auprès des femmes dans des camps de réfugié-e-s en Bosnie qu’elle a parcouru en 1992 en tant que citoyenne. Elle y a vu des actes ‘’d’héroïsme quotidien’’ de femmes survivantes de la guerre, par exemple une jeune femme qui a franchi les lignes d’engagement et de combat quotidiennement pour travailler pendant trois heures, puis retourner dans les camps. Nahoum-Grappe a évoqué aussi les viols systématiques : comment viol en temps de guerre a-t-il pu se normaliser? « Le viol de guerre, ou le corps comme lieu de la conflictualité a toujours accompagné les guerres, dans les clichés et fantasmes d’un butin du guerrier. Mais depuis la 2ème moitié du 20ème siècle, la problématique se pose différemment. Avec les guerres en ex-Yougoslavie, l’idée de "viol systématique" et viol comme ‘’arme de guerre", a été introduite ».
De son côté, Kmar Bendanna, chercheuse à l’Institut Supérieur d’Histoire du Mouvement National, professeure d’histoire contemporaine à l’Université de La Manouba (Tunisie), a parlé des femmes tunisiennes dans l’espace public depuis 2011, de leur engagement et militantisme politique et intellectuel. Faisant allusion à la jeune étudiante tunisienne qui a interpellé un fondamentaliste désirant arracher le drapeau tunisien du campus universitaire de Tunis et le remplacer par le drapeau noir des salafistes, elle a rappelé que le corps des femmes est devenu un fait social et un fait politique. ‘ « Toute seule, la jeune Tunisienne défendait la laïcité de Tunisie ».
Dans la même séance, Azza Soliman, présidente de l’association Bahithat, a présenté larecherche de Rola Koubeissi du Liban sur la position sociale des femmes dans les villes en conflits : « Entre le rapport à soi et le rapport à l’autre ».Dans la 2ème séance du 1er jour, trois interventions ont eu lieu : Emma Boltanski, Membre de l’Institut Français du Proche-Orient à Beyrouth, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), a parlé de son projet de recherche sur les pratiques protestataires des femmes syriennes au début de la révolution (2011-2012) à travers une analyse épistémologique de l’ensemble du matériel audio-visuel produit par les comités de coordination locale de la révolution à cette époque-là.
Diana Cheaib, membre de Bahithat, a présenté sa recherche ‘’Femmes libanaises à l’épreuve de la guerre : Une solution au malaise et au conflit identitaire’’ qui constitue une sorte de psychanalyse du comportement des femmes libanaises ayant participé à la guerre soit en se sacrifiant soit en sacrifiant leurs enfants.
Nour Salameh, du Programme du Genre de l’Institut Européen de la Méditerranéenne, a présenté son témoignage, en tant que Syrienne, sur les transformations et les reconstructions identitaires des femmes liées à la guerre. ‘’Ce qui se passe en Syrie est extrêmement triste et tragique, mais cette situation a révélé la capacité des Syriennes à résister, à s’adapter, à lutter pour leurs droits, et à retrouver leur voix. L’important, aujourd’hui, c’est que les Syriennes ré-imaginent et réinventent leurs identités face au patriarcat des armes.’’ a-t-elle dit.
Dans la 3ème séance, Darine Bsaibes, membre de Bahithat, a présenté sa recherche qui porte sur l’art populaire comme créateur d’identité dans un contexte de guerre : le cas des brodeuses palestiniennes dans les camps des réfugié-e-s. Pour sa part, et à travers son intervention intitulé ‘’Femmes et guerre en littérature : Assia Djebar’’, Fatima Oussedik, sociologue et membre de RUSEMEG, a porté sur le militantisme de l’écrivaine et traductrice Assiq Djebar et sa lutte pour l’égalité des sexes, l’épanouissement de la femme algérienne, la justice sociale, la dignité et les droits humains.
Soukeina Bouraoui, membre du RUSEMEG et directrice exécutive du Centre des femmes arabes pour la formation et la recherche (CAWTAR), a conclu la 1ère journée en réfléchissant sur les interventions présentées, soulignant que les femmes sont devenues en première ligne pour faire face à la destructivité systématique imposée par les conflits aujourd’hui, et que les femmes sont désormais plus visibles.
Le 2ème jour a été dédié aux témoignages, rôles et expériences des acteurs-trices de la société civile dont :
Nadine Méouchy, historienne et fondatrice de l’association Ninurta, sur le sort des femmes réfugiées au Liban ;
Wadad Halwany, fondatrice du Comité des familles des kidnappés et disparus au Liban, premier mouvement spontané pacifiste et protestataire à se former pendant la guerre civile libanaise pour revendiquer les droits des disparus et de leurs familles ;
Rania Stephan, documentariste et réalisatrice qui a présenté son film Ihtijaj sur les trois mouvements de protestation durant la crise des déchets au Liban en 2015 ;
Nahida Khalil du Mouvement ‘’Beirut Madinati’’ qui a partagé les expériences des architectes: « Les quartiers de Beyrouth », un projet pour la récupération de l’espace public et la conservation du patrimoine urbain, mené principalement par les femmes ;
Et Jana El Hassan, dramaturge qui présenté son témoignage sur les infirmières dans les camps de réfugiés au Liban dans les années 1976-77 et leur héroïsme.
Le reste de la journée a été réservé à un atelier doctoral où des jeunes doctorant-e-s de la France, l’Espagne, le Maroc, la Tunisie, le Liban et la Turquie ont eu l’opportunité d’exposer leurs thèses et d’échanger avec les autres participant-e-s au séminaire.
Enfin, ce séminaire est en synergie avec l’action de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranée. Il s’inscrit dans l’Axe 1 « Renforcer les capacités des acteurs de l’égalité»du Fonds de Solidarité Prioritaire « Femmes d’avenir en Méditerranée », financé par le Ministère français de l’Europe et des affaires étrangères et dans le cadre du projet « Développer l’autonomie des femmes » labellisé par l’Union pour la Méditerranée.
Cliquez sur le fichier ci-joint pour un compte-rendu du séminaire.
Cette plateforme s'inscrit dans l'Axe 1 « Renforcer les capacités des acteurs de l'égalité » du Fonds de Solidarité Prioritaire « Femmes d'avenir en Méditerranée » financé par le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères et porté par l'Institut européen de la Méditerranée, dans le cadre du projet « Développer l'autonomie des femmes » labellisé par l'Union pour la Méditerranée.
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