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Nous avons le plaisir d’annoncer les 3 lauréates finales de notre concours photo « Femmes d’exception : en finir avec les stéréotypes dans la région euro-méditerranéenne ». Les 3 lauréates présenteront leurs œuvres lors d’un atelier dans le cadre du 8ème Congrès international des recherches féministes dans la francophonie (CIRFF2018), entre le 26 et le 31 août 2018 à l’Université Paris-Nanterre (France). Leurs photos et histoires, que nous vous présentons ci-dessous, seront exposées avec celles des 7 autres finalistes de notre concours et nous diffuserons l’ensemble des œuvres tout au long de cette année.
Vous pouvez retrouver les 10 travaux gagnants dans le document ci-joint.
Auteur-e : Nassima Baziz
Lieu où la photo a été prise : Alger (Algérie)
28 décembre 2017. Dans un immeuble haussmannien du centre-ville algérois, une dizaine de femmes se donnent rendez-vous afin de clôturer une année de militantisme autour d’un atelier de danse contemporaine. Ce jour-là, ces femmes seront mes héroïnes, membres du cinéclub féministe d’Alger, elles œuvrent dans l’ombre à donner la possibilité à des femmes de s’exprimer à travers différentes activités. Le lieu abrite des expositions artistiques, des vernissages et une bibliothèque féministe, il sert également de lieu de projection du cinéclub féministe d’Alger. Seulement, en ce 28 décembre, il ne s’agira pas de se battre, il s’agira de se faire du bien et même de réaliser un rêve, celui d’une algérienne, Meriem B. Danseuse immigrée à Montréal depuis plus d’une dizaine d’années, Meriem aura enfin l’occasion de donner son premier cours de danse en Algérie, à des Algériennes ; un rêve d’enfant, un rêve de femme.Son émotion est palpable, elle nous l’a transmise. La photographie tente ainsi de mettre en relief plusieurs paramètres, la volonté d’anonymat de ces jeunes femmes dictera la prise, mais pas seulement. Nous essayons à travers ce travail de rendre compte du mouvement et de la dynamique de ce groupe dans un espace immuable -avec en fond des photographies de Leila Saadna issues de l’exposition « Femmes et libération »- et ce qui au départ était une contrainte deviendra le fil conducteur de la prise. Tout en évanescence, les anonymes sont nous toutes, elles n’ont pas de visages et pourtant elles bougent et font bouger les choses.
Auteur-e : Fatima Essabar
Lieu où la photo a été prise : Rabat (Maroc)
Ce portrait est un hommage à une militante inspirante née en 1975 qui s’est engagée dans différents actes de désobéissance civile pour les femmes, les droits humains, les droits des personnes LGBT, et les stéréotypes de genre véhiculés par la société et le patriarcat au Maroc. Betty Lachgar a cofondé avec une amie le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (M.A.L.I.), mouvement universaliste, féministe et laïque qui défend les droits humains et les libertés individuelles au Maroc. Depuis le lancement du mouvement, elle a mené plusieurs actions et a été arrêtée à diverses reprises. Elle a été agressée physiquement et sexuellement par trois policiers, a été victime de cyber-harcèlement et a reçu des menaces de mort. A l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre 2017), elle avait dénoncé le sexisme et la violence contre les femmes en versant une teinture rouge dans les fontaines publiques de Rabat. Les autorités avaient réagi en condamnant son action et en ouvrant une enquête juste après le communiqué de presse de M.A.L.I. Son action symbolique visait à bousculer la société marocaine pour qu’elle prenne des mesures immédiates contre la violence faite aux femmes. Le fait de transformer cette performance en une photographie est le plus grand hommage que je puisse faire à cette femme d’exception. On la voit sur la photo, avec un tableau où est inscrite la date de l’action en question et la date du jour où elle a reçu la convocation de la police intitulée « Sans permission ».
Auteur-e : Nora Noor
Lieu où la photo a été prise : Bruxelles (Belgique)
Après avoir joué sur scène sa pièce « Jogging », Hanane Hajj Ali m’a reçue dans sa chambre d’hôtel à Bruxelles. Quand on la rencontre, on sent immédiatement cette force mentale et physique qui émane d’elle, une femme qui se définit comme une « artiviste ». Sa pièce de théâtre raconte l’histoire d’une femme qui court dans les rues de Beyrouth, elle observe cette ville qui change et son corps qui n’a plus la même énergie. Elle nous fait aussi part de ses fantasmes. Une femme voilée, actrice de théâtre qui parle de ses fantasmes sur scène ? Oui, c’est possible quand on rencontre Hanane Hajj Ali. Née au Liban, elle a étudié le théâtre en cachette de ses parents pendant des années, avec sa grand-mère pour seule complice. Aujourd’hui elle monte sur scène et porte le foulard en partie pour rendre hommage à cette femme forte qu’était sa grand-mère. À travers ce morceau de tissu, Hanane veut abattre les voiles qui sont devant nos yeux et nous poussent vers l’ignorance. Elle casse les tabous, parle ouvertement sur scène de sexe, politique et religion. La conversation avec Hanane était tellement riche, il fallait donc réaliser une photo très symbolique. Son portrait illustre l’espoir, cet appétit féroce d’apprendre, de transmettre et de vivre. Encourager son public à la culture et la connaissance pour un monde meilleur, c’est le marathon quotidien de la grande actrice Hanane Hajj Ali.
*Les textes accompagnant les photos sont de la seule responsabilité des auteur-e-s des photos et ne peuvent en aucun cas être considérés comme l’expression du point de vue de la Fondation des femmes de l’Euro-Méditerranée.
Cette plateforme s'inscrit dans l'Axe 1 « Renforcer les capacités des acteurs de l'égalité » du Fonds de Solidarité Prioritaire « Femmes d'avenir en Méditerranée » financé par le Ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères et porté par l'Institut européen de la Méditerranée, dans le cadre du projet « Développer l'autonomie des femmes » labellisé par l'Union pour la Méditerranée.
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