Au Maroc, 40 000 mineures sont mariées chaque année, et, dans la seule province de Chichaoua, 283 mariages d‘enfants ont été enregistrés en 2016 selon l’association Anaouat pour femme et enfant qui a récemment mené une campagne contre ce type de mariages dans le cadre du projet CSO WINS « Renforcer les capacités dans le Sud de la Méditerranée afin d’ouvrir le dialogue et le suivi des politiques pour les femmes dans la société ».

La campagne a été menée dans les trois municipalités rurales de Sidi Mhammed Dalil, Sid lmokhtar et Mzouda dans la province de Chichaoua et visait à réduire le nombre de mariages de filles de moins de 18 ans, ainsi qu’à sensibiliser les principales parties prenantes concernant les terribles conséquences de ces mariages sur le développement personnel des filles et des jeunes femmes, leur santé mentale et physique, ainsi que leur bien-être.

La campagne a réussi dans une large mesure à atteindre ses objectifs car aucun mariage de mineure n’a été enregistré au cours de son déroulement qui a duré près d’un an. De plus, une charte éthique a été signée par le conseil religieux local et les juges qui se sont engagés à sensibiliser sur le mariage des enfants. Les autorités locales se sont jointes à l’engagement des organisateurs de la campagne pour combattre et empêcher ce type de mariage coutumier.

La campagne a également contribué à fournir un soutien éducatif et financier aux 30 filles risquant d’être contraintes au mariage et à encourager les familles à protéger leurs filles contre cette pratique.

Tout cela a été possible grâce aux outils diversifiés que l’association Anaouat a adoptés durant la campagne. Par exemple, cette dernière a été lancée lors d’une conférence de presse où le président et le chef des projets de l’association appelaient tous les acteurs civils et politiques à aborder les facteurs socio-économiques qui jouent un rôle important dans le nombre croissant de mariages de mineures. Une fois la campagne lancée, l’association a mené plusieurs campagnes de sensibilisation sur le terrain pour communiquer avec les gens et discuter des conséquences dévastatrices du mariage des enfants. Au cours de ces visites sur le terrain dans les municipalités rurales, les bazars hebdomadaires ou encore les maisons de quelques particuliers, l’association a mis en place un « stand de citoyenneté » et distribué des dépliants et pour promouvoir la campagne.

En outre, l’association a mobilisé les médias dans un effort de sensibilisation, et la radio régionale de Marrakech (la SNRT) a accueilli des membres d’associations, des experts juridiques et psychiatriques pour discuter du mariage de mineures et faire écho de la campagne.

De plus, l’association a réalisé une vidéo mettant en lumière l’expérience de trois jeunes femmes victimes de ce type de mariages et qui ont eu le courage de parler de leurs expériences personnelles et des moments difficiles qu’elles ont vécus. 

La campagne a été menée dans le cadre du projet CSO WINS «Renforcer les capacités dans le sud de la Méditerranée pour ouvrir le dialogue et le suivi des politiques pour les femmes dans la société » financé par l’Union européenne en synergie avec l’action de la Fondation des Femmes de l’Euro-Méditerranéen. A noter que la campagne est coordonnée par Anaouat en partenariat avec l’Association pour le développement et la promotion de la femme (ADEW, Égypte) dans le cadre d’un échange d’apprentissage entre pairs.