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Les femmes (et les associations qui les défendent) : l'avenir de la Méditerranée

22.11.2017 / Créé par (EMWF)
Les femmes (et les associations qui les défendent) : l'avenir de la Méditerranée

L’égalité femmes-hommes est une question urgente pour assurer la paix, la démocratie et les droits humains dans la région euro-méditerranéenne. Le « Dialogue régional euro-méditerranéen sur le plaidoyer dans le domaine de l’égalité femmes-hommes » tenu à Casablanca du 24 au 26 octobre 2017, a permis à 50 organisations engagées pour les droits des femmes d’échanger leurs pratiques de mise en œuvre et de suivi des politiques d’égalité. Ce dialogue a été organisé par la Fondation des femmes de l’Euro-Méditerranée (FFEM), la Fédération des ligues des droits des femmes (FLDF) et l’Institut européen de la Méditerranée (IEMed) grâce au soutien de l’Union européenne et dans le cadre du projet CSO WINS. Pendant 3 jours, les associations ont débattu avec des universitaires, médias et représentant-e-s d’ institutions comme l’Union européenne, ONU Femmes et des États comme le Maroc et la France, sur les mesures à prendre pour corriger les inégalités basées sur le genre aux niveaux politique, professionnel, légal, familial…

Leurs réflexions ont permis de construire une vision commune, d’évaluer les défis actuels et d’adresser certaines recommandations aux responsables politiques. Ces apprentissages sont particulièrement importants à la veille de la IVème Conférence des ministres en charge des questions de femmes de l’Union pour la Méditerranée (UpM) qui doit se tenir au Caire le 27 novembre 2017. En attendant la synthèse complète des échanges, voici quelques idées qui sont ressorties des travaux menés par les associations présentes au Dialogue régional et actives dans 12 pays différents.

Alors que plusieurs constitutions des pays du sud de la Méditerranée reconnaissent la parité, les comportements peinent à changer : il y a encore peu d’élues dans les gouvernements locaux et nationaux, les femmes sous-estiment leurs capacités de leadership et l’opinion publique porte un regard négatif sur celles qui se lancent dans une carrière politique. Les mesures de discrimination positive s’imposent pour accélérer l’accès des femmes aux postes à responsabilités. Ainsi, les pourcentages de femmes dans les organes de décision des partis politiques, des associations et des syndicats doivent être déterminés par la loi et des mesures contraignantes doivent être mises en place.

Les inégalités au niveau des droits économiques et du statut des femmes se répercutent sur leur engagement politique, c’est pourquoi les gouvernements doivent favoriser l’emploi des femmes. De la même façon, on ne luttera pas efficacement contre les violences à l’égard des femmes tant qu’il y aura autant de précarité socio-économique, car celle-ci est la cause de nouvelles formes de violences et de mariages forcés.

L’utilisation d’un langage « conscient et conceptualisé » (par exemple l’expression mariage des enfants mineures au lieu de mariages précoces) et la vulgarisation des lois de protection existantes mais méconnues par les agresseurs et les victimes potentielles sont des moyens envisagés pour que les lois soient plus effectives. Des actions devraient être engagées de façon prioritaire contre le viol qui se banalise et augmente partout en Méditerranée. Protéger les femmes migrantes et les enfants qui les accompagnent contre les violences sexuelles dans les pays en conflit, de transit et d’exil -comme la Syrie ou la Lybie- est aussi une urgence.

D’autres pistes ont été identifiées dans ce domaine : mener des campagnes adaptées au grand public, y compris aux populations peu éduquées, sur l’impact des grossesses non désirées et unifier les discours de plaidoyer au niveau des pays de la région qui justifient certaines formes de violences au nom des textes religieux ou des « coutumes ». Quant aux pays qui ne possèdent pas encore de lois cadres contre les violences, ils ont tout intérêt à s’inspirer de la loi tunisienne adoptée en 2017 et considérée comme référentiel juridique avancé.

Enfin, l’autonomisation économique est le grand chantier auquel il faut s’attaquer encore et toujours pour que les luttes féministes se traduisent par des résultats. L’accès des femmes aux secteurs rémunérateurs est une tâche inachevée mais prometteuse. Pour se concrétiser, l’émancipation économique des femmes requiert des mesures de discrimination positive dans la fiscalité et l’accès aux crédits, œuvrer pour une égale représentation des femmes et des hommes dans les instances de décision des entreprises, encourager les femmes à investir dans les nouvelles formes d’économie durable et impliquer les pouvoirs locaux dans les programmes d’appui et d’accompagnement des femmes entrepreneures.

De façon transversale, les associations locales sont proches des réalités du terrain. Grâce à elles, des données uniques sont recueillies sur la mise en œuvre des plans et des politiques nationales et régionales en faveur de l’égalité. Les institutions et plateformes internationales doivent reconnaître ce rôle de vigilance démocratique exercé par les associations, leur expertise et les soutenir avec des moyens financiers car elles empêchent la non régression des droits acquis. En outre, les acteurs du Dialogue régional sur le plaidoyer ont revendiqué le travail conjoint entre les institutions de nature différente (académique, politique, opérationnelle…) pour obtenir un impact plus fort sur le plan juridique mais surtout social. Il doit y avoir une convergence entre les efforts de ces associations et la volonté politique dans l’optique d’instaurer une diplomatie féministe. La lutte contre la violence à l’égard des femmes en particulier nécessite l’engagement de tous les acteurs politiques et de celles et ceux qui sont aux plus hautes sphères de pouvoir. 

Pour plus d’information, veuillez consulter le compte-rendu et ci-joint le dossier de presse du Dialogue régional ainsi qu’une vidéo-résumé de l’événement. Nous vous invitons aussi à visionner les conclusions du Dialogue ainsi que le discours de clôture de Monsieur Mohamed Aujar, ministre de la Justice marocain. 

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