Quand il s’agit de participation politique, les femmes égyptiennes, en particulier celles qui vivent dans des zones rurales et marginalisées comme la Haute-Egypte, font face à d’énormes défis qui les empêchent souvent d’entrer dans l’arène politique. Malgré la nature conservatrice de la communauté, les stéréotypes, les coutumes et les traditions qui sous-estiment les capacités des femmes et les découragent de s’engager dans les affaires publiques, et le manque de sensibilisation parmi le grand public, les femmes égyptiennes luttent pour une plus grande représentation, en particulier au niveau local.

Alors que les femmes occupaient seulement 4,7% des sièges des conseils d’administration locaux lors des dernières élections de 2008, la constitution actuelle garantit une meilleure représentation des femmes dans ces conseils car elle établit que le quart des sièges des conseils locaux doivent être attribués aux femmes (Constitution de la République arabe d’Égypte, 2014, article 180), créant ainsi une occasion très importante pour promouvoir une participation plus efficace des femmes à la gouvernance locale.

À cette fin, l’Association nationale pour la défense des droits et libertés (NADRF), l’une des lauréates de notre appel à propositions pour coordonner un pôle local d’acteurs de l’égalité, a mené avec succès une action pilote dans lequelle 31 femmes de zones marginalisées et éloignées ont reçu des formations et ont été encouragées à participer aux prochaines élections locales. Ces femmes disposent désormais d’un ensemble de compétences leur permettant de conduire des campagnes électorales et d’établir un programme et des objectifs électoraux. La formation a eu lieu entre le 20 et le 23 mai 2017.

La formation a été précédée d’une conférence et d’une série de rencontres avec les autorités locales, des personnalités religieuses et des organisations de la société civile dans le but d’établir un réseau d’acteurs disposés à soutenir les candidates avant et pendant les prochaines élections.

En mars 2017, NADRF a effectué cinq visites de terrain aux associations de femmes et de jeunes dans les villages de Zeinya, Armant, Esna, Aqalta et Elmares, au cours desquelles des réunions ont été organisées avec plus de 80 femmes et hommes, y compris des personnalités religieuses, des autorités locales et des activistes. Ces réunions ont abordé les racines des problèmes et des obstacles qui empêchent les femmes de participer et de se présenter aux conseils locaux, y compris le manque d’éducation, l’image des femmes dans les communautés conservatrices, le système patriarcal dans ces communautés et le harcèlement sexuel qui entrave l’engagement des femmes dans la sphère publique.

Les réunions ont été suivies d’une conférence que NADRF et d’autres partenaires locaux ont organisé les 8 et le 9 avril 2017, avec plus de 95 personnes, activistes de la société civile et des représentant-e-s des médias, à Louxor, intitulée "Pour une participation effective des femmes". La conférence a été divisée en quatre volets sur 1) Le rôle des partis politiques dans le soutien des femmes et l’action en faveur d’une représentation égale des genres dans les conseils locaux, 2) Le rôle des médias dans le soutien et l’autonomisation des femmes. 3) Le rôle de la société civile dans le soutien des femmes dans les conseils locaux. 4) La loi actuelle de l’administration locale.

À l’issue de de la conférence, les participants ont élaboré un document comprenant nombre de recommandations et d’observations sur la législation existante en matière de gouvernance locale et ils l’ont présenté au Parlement égyptien.

Toutes ces conclusions, recommandations et informations ont abouti à la publication d’un diagnostic de terrain intitulé « Pour une participation politique effective des femmes au niveau local à Louxor».

Plus de 9 médias nationaux et locaux ont mentionné cette action pilote qui est soutenue par la Fondation dans le cadre dans le cadre de l’initiative « Renforcer les capacités des acteurs de l’égalité femmes-hommes » financée par le Ministère français des Affaires étrangères et du Développement international (MAEDI).

A savoir aussi que cette action pilote a été suivie de sept séances tenues dans de petits villages de Louxor dans le but de sensibiliser la population à la participation politique des femmes et à leur implication dans la vie publique. Une formation destinée aux acteurs médiatiques et aux journalistes a été organisée simultanément afin d’accroître le soutien des médias aux rôles politiques des femmes.

Ces séances ont permis d’ouvrir des discussions sur les mécanismes possibles pour renforcer la confiance entre les femmes et la communauté; le statut des femmes et des hommes dans la société et le leadership féminin. Elles ont également aidé à identifier des femmes leaders souhaitant se présenter aux élections locales.

Pour en savoir plus sur les pôles locaux d’acteurs de l’égalité mis en place par la Fondation, cliquez ici.