Réseau des réseaux - Culture / Sport / Loisirs - France

Paris-JO 2024 : campagne contre l’apartheid sexuel dans le sport

26.06.2017 / Créé par FCEWLCLEF
Paris-JO 2024 : campagne contre l’apartheid sexuel dans le sport

A l’occasion de la candidature de Paris aux JO de 2024, la Ligue du Droit International des femmes, la Coordination Française pour le Lobby Européen des Femmes et le Mouvement « Laissez les femmes iraniennes entrer dans leurs stades » ont lancé une campagne contre l’apartheid sexuel dans le sport visant l’Iran et l’Arabie Saoudite.

Ces pays sont les seuls au monde à interdire l’accès des stades aux femmes. L’Arabie Saoudite interdit même le sport pour les filles dans les collèges d’État et ne prévoit pas d’infrastructures sportives pour les femmes. Plus généralement, l’Iran et l’Arabie Saoudite imposent aux sportives le port d’un uniforme islamiste couvrant tout leur corps, interdisent la mixité et les disciplines « non islamiques ». De telles pratiques sont contraires aux principes universels inscrits dans la Charte Olympique interdisant toute discrimination, y compris de sexe et imposant la neutralité politique et religieuse dans les lieux olympiques. Elles doivent être condamnées avec la même fermeté que l’a été l’apartheid racial dans le sport. Le Comité International Olympique (CIO) avait en effet exclu l’Afrique du Sud des JO pendant trente ans (1962-1992) pour cause d’apartheid racial, et les Nations-Unies avaient approuvé en 1985 une « convention internationale contre l’apartheid dans le sport ». Plus récemment, le CIO a confirmé la suspension du Koweït en raison de l’ingérence du gouvernement de ce pays dans les affaires sportives. Interpellant les politiques et le monde du sport, les organisations promotrices de la campagne contre l’apartheid sexuel dans le sport ont adressé des courriers aux instances politiques et sportives nationales et internationales concernées ainsi qu’aux promoteurs de la candidature de Paris 2024. Ces courriers ont été accompagnés d’un fascicule illustrant la situation du sport féminin en Iran et en Arabie Saoudite (cf. la brochure « boycott sportif des pays imposant l’apartheid sexuel dans le sport »).

S’il est exact que la décision de sanctionner un pays relève de la responsabilité des instances sportives internationales (Fédérations et CIO), il n’en demeure pas moins que le rôle du Comité National Olympique et Sportif Français (CNOSF) et du Comité de candidature de Paris 2024, ne saurait se limiter à présenter un projet irréprochable sur le plan technique. Ces instances nationales se doivent d’être des lanceurs d’alerte comme l’avait été le courageux CNO norvégien qui avait brisé l’omerta du monde du sport dès 1958 en adressant une lettre ouverte au président du CIO demandant l’exclusion de l’Afrique du Sud en raison de sa politique d’apartheid racial.

Tel est l’objectif de la campagne contre l’apartheid sexuel dans le sport. Celle-ci a été lancée en deux étapes : le 14 avril, dévoilement sous la Tour Eiffel du slogan « Paris 2024 contre l’apartheid sexuel, boycott de l’Arabie Saoudite et de l’Iran » ; le 15 mai, alors que la Commission d’Evaluation du CIO visitait les sites de Paris, a eu lieu un rassemblement du collectif d’associations solidaires devant le siège du CNOSF suivie d’une rencontre avec des responsables de cet organisme.

Djemila Benhabib, l’écrivaine et militante politique québécoise d’origine algérienne, a insisté sur la nécessité de se solidariser avec les femmes dans le monde en lutte pour l’universalité du sport. La belgo-iranienne Darya Safai, fondatrice du mouvement « Laissez les femmes iraniennes entrer dans leurs stades », a montré des photos illustrant les formes de résistance de ces femmes pour forcer l’entrée des stades, et la régression imposée aux sportives iraniennes durant les quarante dernières années. Le secrétaire national du SNEP -FSU, Polo Lemonnier, a indiqué que « la candidature de Paris doit être un modèle au plan des valeurs ». Les porte-paroles du collectif « Femmes sans voile d’Aubervilliers », Nadia Benmissi et Nadia Ould Kaci, ont insisté sur les pressions communautaristes qui se font sentir dans les quartiers et qui se trouveront légitimées par l’affichage de la pratique de l’apartheid sexuel dans le sport. Michel Lizin, venu spécialement de Belgique au nom de la Fondation Anne-Marie Lizin, a souligné l’aspect géopolitique du combat à mener contre l’apartheid sexuel dans le sport, ajoutant que les dirigeants sportifs ont un rôle clé à jouer dans ce combat, car ils disposent d’un outil : la Charte Olympique.

• Interpeler le monde du sport c’est aussi l’amener à s’interroger sur les processus de décision qui ont conduit leurs dirigeants à bafouer leurs règles éthiques dès lors qu’elles s’appliquent aux femmes musulmanes, en cédant devant les diktats religieux de l’Iran et de l’Arabie Saoudite.

Commentaires

Pour écrire un commentaire inscrivez-vous et échangez avec les membres du réseau.

Inscrivez-vous sur la Fondation