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7ème Séminaire Euro-Méditerranéen du RUSEMEG (Réseau Universitaire et Scientifique Euro-méditerranéen Sur le Genre et les Femmes)

07.01.2017 / Créé par FFMDEF

« Fabrique des corps et production des inégalités fondées sur le genre » Vendredi 13 janvier 2017 à la Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales de Tanger

Les séminaires itinérants comme les colloques sont organisés par la Fondation des femmes de l’Euro-Méditerranée (F.F.E.M) dont le RUSEMEG est un des six membres fondateurs. Ils sont financés dans le cadre de l’Axe1, « Renforcer les capacités des actrices et des acteurs de l’égalité », du projet « Femmes d’avenir en Méditerranée » du Fonds de Solidarité Prioritaire, et ont été labellisés par l’UpM (Union pour la Méditerranée) en 2011 dans le cadre du projet « Développer l’autonomie des femmes ». Ils ont permis au RUSEMEG non seulement de prendre en compte les freins et les obstacles à l’autonomisation économique des femmes mais aussi d’aborder la question des violences et des mobilités au miroir du genre. Ce 7ème séminaire itinérant euro-méditerranéen a pour objectif de poursuivre cette réflexion sur les mécanismes de la production des inégalités entre les sexes à travers la réflexion sur la fabrique du corps. Nombre d’études montrent l’impact des normes sociales et culturelles dans le processus de construction du corps. Interroger cet impact dans le contexte euro-méditerranéen, c’est avoir un regard croisé sur cette question de recherche. En effet, si le monde semble unifié, notamment par la globalisation économique, la persistance de la diversité culturelle et politique doit être prise en compte dans la recherche et amène à questionner les différents modèles anthropologiques. Les études sur les pratiques et les réalités vécues du corps dans les sociétés concernées tentent de saisir ce qu’il en est du corps, de son rôle dans la construction identitaire et dans les rapports sociaux de sexe. La question du corps est au cœur des débats qui accompagnent les mutations en cours dans les sociétés du sud de la Méditerranée. Elle intervient par ailleurs comme enjeu majeur du point de vue de la démocratie. En effet, les débats récents sur le viol, le harcèlement, les usages vestimentaires, l’accès des femmes à l’espace public, leur mobilité, la mixité ou encore l’avortement ou l’homosexualité, montrent que les lignes sont en train de bouger dans ces sociétés où s’opère un changement dans la vision du rapport aux corps et aux sexualités. Ils rappellent que les questions de l’égalité et de la démocratie passent aussi par la réflexion sur le corps. Si le corps intéresse les milieux économiques, il ne cesse de mobiliser aussi la scène politique avec son appareil exécutif (à savoir le parlement, l’état, les partis politiques…) en Europe comme ailleurs (débats sur le port du voile, de la burqua et du burkini, l'excision, la reproduction assistée le test de virginité, l’homophobie…). Ces débats soulignent l’articulation du corps et de la problématique des migrations et des mobilités, comme de l’altérisation des femmes et de certains individus ou groupes s’éloignant du modèle normatif prétendument universel. Le corps vu et vécu comme une entité privée, reçoit ou plutôt subit en fait toutes les relations historico-culturelles d'une société, d'une époque et entretient des rapports de domination/soumission avec le pouvoir en place. Ainsi, ce corps se donne à être déchiffré comme un texte sur lequel sont gravés les rapports des pouvoirs d’une époque, d’une culture données. D’où la lecture pertinente des historiennes qui parlent de « nationalisation du corps des femmes » et soulignent « les stratégies des états totalitaires, dictatoriaux ou libéraux qui ont fait basculer la maternité dans le domaine public ». Articulant le concept de « genre » et celui du « corps », la recherche souligne la place centrale du corps dans les rapports sociaux de sexe et dans les inégalités entre les femmes et les hommes. Cependant, la fabrique des corps a connu et connaît toujours des remises en cause à travers le temps en s’insurgeant contre les régulations normatives par la critique et par l’irrespect comportemental. Les femmes ont notamment contesté par le corps le pouvoir exercé sur elles, par le port du pantalon, de la jupe, de la djellaba (vêtement masculin à l’origine), par la sculpture corporelle et par l’exposition de leur nudité,) mais aussi par le port du voile dans certains contextes. Le corps est pour les femmes et, dans une moindre mesure pour les hommes, le lieu des transgressions mais également de la soumission aux normes. Des interrogations s’imposent pour comprendre et saisir le soubassement et les conséquences de cette « fabrique du corps » : - Quelles sont les différentes formes que prend la « fabrique du corps » au long de l’histoire et dans des cultures et des espaces divers ? - Comment la fabrique du corps produit-elle des inégalités ? - Quelles sont les formes que prend la régularisation, doublée d’un contrôle, des corps dans la société ? - De quelles façons le corps est-il utilisé en vue de la vulnérabilisation et l’altérisation de certains individus/groupes ? - Quelles formes de domination et de résistance ont été développées de la part des femmes et des individus/groupes minorisés, à partir de leur corps ? - Quels liens tisse-t-il avec le(s) pouvoir(s) en place ? Quel rapport entretient-il avec la démocratie et la citoyenneté ? - Quels sont les langages et les savoirs dont le corps est porteur ? - Quels rapports entre corps et mobilités/migrations dans le monde globalisé ? - Corps et sexualités : une révolution inachevée ?

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