Au cours des dernières décennies, les mouvements politiques islamiques, et les partis politiques qui en sont issus, ont recruté et nommé de plus en plus de femmes à des postes de décision de haut niveau, bien que l’idéologie qu’ils défendent dissuade souvent les femmes d’occuper des postes de direction politique. La recherche ethnographique sur l’activisme religieux des femmes en Iran et en Turquie contribue à expliquer cette tendance inattendue en mettant en lumière le rôle des femmes des partis islamiques dans la lutte contre les attitudes et les comportements discriminatoires de leurs dirigeants masculins. L’article met notamment en lumière le rôle que plusieurs femmes de haut rang des partis islamiques, étroitement liées aux élites dirigeantes, ont joué pour faire pression sur leurs chefs de parti masculins afin qu’ils remédient à la sous-représentation des femmes dans la politique officielle. Les liens étroits des femmes avec les élites dirigeantes consistaient en des liens formels avec les principaux dirigeants islamiques qui ont évolué grâce au dévouement de longue date des femmes au mouvement islamique ou à leur apprentissage dans les séminaires islamiques. L’auteure démontre que ces liens étroits avec les dirigeants, ainsi que l’existence d’un discours public en faveur d’un accès accru des femmes à la politique, ont permis aux femmes islamiques influentes de tirer parti d’une forme de "critique interne" en tant que stratégie importante pour améliorer les droits et le statut politiques des femmes au sein des mouvements islamiques.

Pour citer cet article : Mona Tajali (2017) Protesting gender discrimination from within: women’s political representation on behalf of Islamic parties, British Journal of Middle Eastern Studies, 44:2,176-193, DOI: 10.1080/13530194.2017.1281570